La blockchain adaptée au secteur des constructions
(Décembre 2024) | Le principe fondamental de l’Europe’s Digital Decade est la transformation digitale en tant qu’instrument de développement économique et innovation sociale, il représente le programme stratégique qui fixe des buts et des objectifs pour 2030 et soutient la digitalisation progressive des citoyens, des entreprises et des administrations publiques. Parmi les technologies digitales émergentes, la blockchain, littéralement « chaîne de blocs » gagne de plus en plus de terrain, elle représente une structure mathématique capable de créer un grand livre virtuel distribué et décentralisé dans lequel les données sont partagées, stockées et vérifiées par les utilisateurs, selon l’ordre chronologique et sans intermédiaire. Les exigences de cette technologie qui exploite le principe informatique de la cryptographie en facilitant le transfert des données et leur validation sont la traçabilité, la transparence et l’immutabilité. La technologie blockchain est connue pour son application dans le monde financier pour la création et la gestion de cryptomonnaies, mais elle est maintenant également utilisée dans le secteur de la santé, avec la réalisation de portefeuilles digitaux de cryptomonnaies pour chaque citoyen. Le défi consiste maintenant à l’appliquer au secteur du bâtiment et des constructions.
Récemment, la région Émilie-Romagne (RER) a encouragé la collaboration entre les laboratoires de recherche, les technopoles universitaires et les entreprises de secteur grâce à l’activation de projets cofinancés par des fonds européens qui peuvent favoriser l’innovation du secteur industriel en termes de numérisation, intelligence artificielle et big data (entreprises et AP). Cela représente le domaine prioritaire de la Smart Specialisation Strategy (S3) dans lequel il faut introduire le projet Blockchain technology for ceramic and construction materials supply chain [BLOCH4MAT]. L’objectif du projet se compose du développement conceptuel et de la réalisation d’une plateforme blockchain applicable aux chaînes d’approvisionnement de la production de carreaux céramiques, produits en briques et matériaux composites (matériaux de construction considérés comme stratégiques pour l’économie régionale) pour rendre le contenu informatif lié aux produits traçable, sécurisé, non ambigu et non falsifiable, en ce qui concerne l’ensemble de leur cycle de vie. Les informations sur les matières premières, le traitement en usine, les certifications, la construction et l’élimination du produit fini peuvent être gérés par la blockchain tout en maintenant un haut degré de confidentialité des données. La technologie sera également intégrée avec le BIM (Building Information Modeling) et/ou à d’autres processus de digitalisation tels que le marquage CE numérique (SmartCE).
BLOCH4MAT, financé par la RER dans le cadre du programme FEDER 2021-2027, est coordonné par le Centre Céramique et le partenariat implique le CIRI EC de l’Université de Bologne et TekneHub de l’Université de Ferrare, en tant que laboratoires de recherche du réseau de haute technologie, et Consorzio Futuro in Ricerca (CFR), pour les activités de diffusion et de transfert de technologie. Le Centre céramique mènera les activités d’analyse et de collecte des informations pour la conception du modèle de blockchain qu’il faut appliquer aux chaînes d’approvisionnement de production de matériaux céramiques (tuiles et briques), en interface avec les entreprises Tonalite, Sacmi et Wienerberger. Le CIRI EC appliquera la technologie blockchain aux matériaux composites en collaboration avec Ardea Ingegneria, tandis que TekneHub apportera ses compétences dans l’application de protocoles de modélisation digitale avancée en collaborant avec la start-up Innovation Chain.
Depuis la signature de l’accord avec la RER (15 février 2024), les activités du projet ont commencé et sont divisées en 6 phases opérationnelles, avec une durée totale de 24 mois. Actuellement, les flux et les points critiques des chaînes de production de carreaux céramiques, produits en briques et matériaux composites sont en cours d’identification, en interface avec les entreprises partenaires du projet. Dans les mois prochains, l’accent sera mis sur le cœur du projet à travers la modélisation de la blockchain pour chaque chaîne d’approvisionnement de production et l’implémentation ultérieure dans une plateforme informatique. Cette phase sera suivie par la validation du modèle avec des études de cas d’entreprises pour chaque type de matériau de construction et l’intégration avec l’objet BIM spécifique de chaque produit.
BLOCH4MAT s’adresse au secteur de la construction dont le processus de digitalisation est ralenti par une grande complexité, des réglementations très articulées et des investissements pour la transition digitale encore trop élevés par rapport au rendement attendu. L’utilisation de la blockchain dans la chaîne d’approvisionnement des matériaux de construction peut apporter de réels avantages en termes de transparence des informations et d’interopérabilité parmi les parties de la chaîne d’approvisionnement qui doivent les partager et les utiliser. En tant qu’output du projet, des avantages sont attendus en termes d’optimisation de la production, de l’efficacité des flux opérationnels, de la gestion de la chaîne d’approvisionnement et de la fiabilité de l’ensemble des informations liées au produit. Dans une perspective plus large, la digitalisation par la blockchain peut renforcer la compétitivité de l’industrie italienne, en particulier dans l’exportation, qui pour le secteur italien des carreaux de céramique représente plus de 83% du chiffre d’affaires.
Auteurs :
Valeria La Torre e Maria Chiara Bignozzi, Centro Ceramico – Sassuolo (MO)
Alessandro Bellini e Marco Savoia , CIRI EC, Centro Interdipartimentale per la Ricerca Industriale Edilizia e Costruzioni, Università di Bologna
Fabiana Raco e Marcello Balzani, TEKNEHUB, Tecnopolo di Ferrara