Interviews
Les visions de la raison | de Alessandra Coppa
Quelle est votre philosophie du projet ? Qu’entendez-vous par « L’architecture doit inclure une idée (vision), autrement dit une interprétation spécifique de la tâche » ?
L’architecture est une composante importante de la société et de sa culture. Elle doit donc être insérée dans la critique sociale et culturelle générale, car il est important d’obtenir une position claire pour créer un débat. L’architecture doit inclure une idée ou une vision, une interprétation spécifique de la tâche et des facteurs de contrôle, à savoir, par exemple, l’espace public ou l’utilisation d’un seul bâtiment. Mais il pourrait s’agir aussi de donner simplement un nouveau sens aux formes traditionnelles. Si certains projets peuvent paraître radicaux en vertu de ce standard, le radicalisme en tant qu’expression d’une solution cohérente n’en est pas moins utile et nécessaire.
Pendant la reconversion, par exemple, l’adjonction ou la suppression totale ou partielle de bâtiments crée un nouveau contexte qui fait renaître les figures existantes et permet d’en donner une nouvelle interprétation. L’important est de ne pas tomber dans le modèle de simple reconstruction ou de modernisme académique. La transformation de l’espace consiste à éliminer les carences de l’existant ou à continuer d’en développer les qualités. L’origine devrait rester parfaitement claire pour tous.
Vous avez réalisé de nombreux projets de logements résidentiels : quel est le rapport entre l’intérieur et l’extérieur dans vos projets ?
Pour créer une architecture intégrative dans laquelle l’intérieur et l’extérieur suivent les mêmes principes, l’architecte doit prendre conscience du rapport entre les deux, entre le contenant et le contenu, et considérer la structure globale. La cellule habitée est la base de l’architecture, tout comme la construction urbaine. Le problème de l’intérieur et de l’extérieur est une question de position et d’expérience spatiale. Le design des intérieurs ne se limite pas aux surfaces, il fait partie d’un contexte global. Il ne s’agit pas d’échelle mais d’attention. Ce thème avait été gracieusement abordé par Le Corbusier, pour qui la maison devait être ‘quelque chose comme une promenade architecturale’ qui passe à travers. L’architecture se configure ainsi comme une combinaison de paysage et d’habitation.
Comment vos projets se rapportent-ils au contexte ?
Les circonstances régionales et topographiques sont des facteurs non négligeables qui conditionnent le projet d’architecture (par exemple le climat, comme l’avait remarqué Bruno Taut). Néanmoins, je pense que, dans le projet, la question principale ne devrait pas être de considérer les dépendances du contexte, l’essentiel étant de développer d’autres concepts pour aboutir à une idée hautement conceptuelle qui deviendra une véritable déclaration d’intention.
L’aménagement urbain devrait s’adapter aux exigences variables et ne pas se baser uniquement sur les modèles traditionnels. Cela veut dire considérer un système de hiérarchies qui n’est autre que le résultat de l’interconnexion des composantes multicouches.
Il ne s’agit pas d’offrir l’agréable, mais de chercher la confrontation et de développer un langage rationnel et compréhensible.
Vous avez enseigné dans de nombreuses universités en Europe, y compris à l’École polytechnique de Milan et à l’Académie de Mendrisio : que faut-il transmettre aux nouvelles générations ?
Je souhaiterais préciser que, lorsque j’enseignais à Karlsruhe et Detmold, j’ai séjourné à l’École polytechnique de Milan, où nous avons affronté les thèmes de la ville. Dans le cadre d’une visite guidée du Comité consultatif urbaniste de la ville de Francfort, j’ai été invité par le professeur J. Gubler pour une conférence, à l’Académie d’Architecture de Mendrisio, sur le thème des périphéries. À Udine, j’ai tenu deux cours à l’université et j’ai dirigé la thèse d’un étudiant dont le projet concernait une zone de Francfort. Sur la question de l’enseignement, je partage la pensée de Luigi Snozzi : « le projet est un processus cognitif, de perception et de changement de l’existence humaine ». À mon avis, l’étude de l’architecture doit parvenir, dans la mesure du possible, à former une personne critique et responsable, capable de se rapporter aux problèmes de notre temps de manière non superficielle, c’est-à-dire sans considérer l’image extérieure comme l’objectif principal du projet. Le résultat de l’étude devrait être l’implémentation d’une vision multifacette de l’espace.
Que pensez-vous des potentialités expressives et conceptuelles du matériau céramique ?
La céramique est un matériau historique qui a revêtu un sens particulier à travers toutes les époques de l’histoire du bâtiment. À Milan, notamment, les splendides constructions de Luigi Caccia Dominioni illustrent une application particulière, typique de son temps, du matériau céramique utilisé également sur les façades. Je crois aussi que, dans le domaine de l’architecture contemporaine, la céramique peut remarquablement contribuer à créer les atmosphères d’intérieurs.
Biographie de Klaus Hannappel
Naissance : 17 août 1961
Études à l’Université Technique de Rhénanie-Westphalie à Aix-la-Chapelle, GH Université Kassel (Diplôme)
1986-1992 Collaboration avec :
– PAS Jourdan, Mü- Jourdan+Müller PAS, Francfort
– DDW Dudler, Dudler, Welbergen, Francfort
– Gregotti Associati Int., Milan
1993-2018
Projets réalisés
Maisons, villas et bureaux divers (structures et design d’intérieur)
- DekaBank Luxembourg, Am Senningerberg, (2000- 2002)
Projet espaces intérieurs (environ 16 500 m²)
- Gratte-ciel Skyper (hauteur 154 m) Francfort (2003 – 2005)
Projet espaces publics, rez-de-chaussée et étages supérieurs (en collaboration avec le Dipl.-Ing. Beate Weller)
Bâtiments publics (crèches et écoles)
- KITA (crèche), Eschborn (2010-2012)
- Liebigschule, Francfort
Travaux divers de rénovation (2010 -16)
- Bonifatiusschule, projets divers (2015 -17)
- Robert-Schumann-Schule (2017-18) travaux divers de rénovation
Architecture muséale
Musée de la communication (2000-03)
Expositions, Francfort et Der Brief, Nuremberg
Histoire des modes d’emploi, Francfort
Musée juif, Francfort, exposition « Neue israelische Kunst » (2008)
Enseignements/cours
Université de Karlsruhe, Conception de bâtiments et aménagement urbain (1996-2001) Limite de la ville et périphérie, gare de Lambrate Milan
Université Lippe / Detmold, FB Innenarchitektur (2002-03) Quartier adjacent Via Magenta, Milan
Université Rhein Main Wiesbaden, FB Architektur (2009-2018)
Depuis avril 1992
Inscrit à l’ordre des architectes, Hessen
Depuis août 2002
Membre du Bundes Deutscher
Depuis 2014
Membre de l’Eintragungsausschuss Architektenkammer de Hessen
Juillet 2018