De surface de construction à accessoire d’ameublement | de Andrea Serri

(Novembre 2024)Polyvalence et caméléonisme (dans son acception positive de capacité à s’adapter aux différents contextes dans lesquels elle se trouve) telles sont des caractéristiques qui ont toujours distingué la céramique italienne. Dès les années 1960, les fabricants d’émaux italiens ont apporté des solutions capables de décliner toutes les couleurs de l’iris et les graphismes les plus divers, avec des insertions (plus tard dans le temps) dans la structure du produit même. L’évolution technologique est allée de pair avec l’augmentation du format des carreaux qui, entre temps, sont devenus des dalles. La décoration numérique et les techniques de dépôt de poudres, qui sont capables également de travailler sur la tranche, ont bouclé la boucle en nous offrant des bois en céramique avec des veines, ainsi que des marbres et des pierres avec des structures absolument extraordinaires.

L’augmentation des performances techniques et la constance des performances du produit (obtenue grâce au contrôle technologique du processus et à un choix attentif des matières premières) ont ajouté aux salles de bains et aux cuisines traditionnelles de nouveaux espaces de destination : d’abord dans les autres pièces de la maison (chambres, salons et escaliers) puis, grâce à son ingélivité et à son épaisseur majorée, également à l’extérieur du bâtiment. Les dimensions accrues du monolithe en céramique lui ont permis de s’adapter aux grands espaces où les céramiques italiennes sont utilisées avec succès depuis au moins 20 ans. Ce chemin d’accès à de nouvelles sphères et à de nouveaux contextes, dans le domaine de la construction, n’a pris fin qu’au moment où, en passant du design d’intérieur à l’architecture, des façades extérieures à l’urbanisme, les utilisations possibles ont pris fin.

Peut-on alors considérer que l’objectif ultime de la céramique italienne est atteint ? Absolument pas. Le pas en arrière qui nous a amené à revoir et à reconsidérer les caractéristiques fondamentales du produit (par exemple il n’absorbe pas, il résiste aux acides, il ne libère pas de substances toxiques) a permis d’en faire deux en avant, vers une nouvelle lecture de l’utilisation de la céramique italienne : celle d’accessoire d’ameublement, un créneau prometteur qui reste encore largement à couvrir. Les plans de travail et les dosserets pour les salles de bains et les cuisines, les surfaces d’appui pour les tables, les portes et les étagères pour les meubles de cuisine, les revêtements pour les portes des électroménagers mais également des armoires murales, jusqu’au revêtement des portes intérieures et extérieures, tout cela représente déjà la longue liste, mais sûrement encore incomplète, des utilisations possibles des dalles céramiques italiennes.

Il s’agit de créneaux qui occupent individuellement quelques mètres carrés, mais à haute valeur ajoutée et qui ne sont peut-être plus si petits. L’article sur la production européenne de meubles de cuisine, publié dans ce numéro de Cer Magazine, nous dit qu’en 2021, 7 % des plans de cuisine étaient en céramique, chiffre qui est passé à 9 % en l’espace de 24 mois. Si nous considérons qu’en 2023, la valeur de la production de cuisines en Europe représentera à elle seule un peu moins de 20 milliards d’euros, et que la céramique italienne est également capable de revêtir les portes des meubles et des électroménagers encastrables, le créneau est peut-être en train de devenir une réalité vaste et intéressante, et pas seulement dans la cuisine.